Hypatie est une peinture à l’huile sur toile réalisée en 1885 par le peintre britannique Charles William Mitchell. Elle représente la philosophe, mathématicienne et astronome grecque Hypatie d’Alexandrie, qui vécut au IVe siècle après J.-C. et fut assassinée par des fanatiques chrétiens. Le tableau appartient à la Laing Art Gallery de Newcastle upon Tyne et mesure 244,5 x 152,5 centimètres.
Contexte historique et culturel
Charles William Mitchell (1854-1903) est un peintre britannique qui s’est formé à l’Académie royale des arts de Londres. Il a été influencé par le préraphaélisme, un mouvement artistique qui cherchait à renouveler la peinture en s’inspirant des maîtres italiens antérieurs à Raphaël. Il a également été marqué par l’esthétisme, une tendance qui prônait l’art pour l’art et la recherche de la beauté idéale.
Hypatie est l’une de ses œuvres les plus connues et les plus ambitieuses. Il l’a réalisée en 1885, après avoir visité l’Italie et avoir été impressionné par les fresques de la chapelle Sixtine. Il a choisi comme sujet une figure de la culture classique, Hypatie d’Alexandrie, qu’il a représentée dans un moment dramatique de sa vie : juste avant son meurtre.
Hypatie d’Alexandrie (vers 355-415) est une philosophe, mathématicienne et astronome grecque qui a vécu à Alexandrie, alors capitale culturelle du monde méditerranéen. Elle a été la fille et la disciple de Théon d’Alexandrie, un savant qui a dirigé le célèbre Musée d’Alexandrie. Elle a enseigné la philosophie néoplatonicienne, les mathématiques et l’astronomie à un cercle d’étudiants venus de divers horizons religieux et sociaux. Elle a écrit des commentaires sur des œuvres de Diophante, d’Apollonios et de Ptolémée, mais aucun de ses écrits n’a survécu.
Hypatie a été respectée et admirée pour sa sagesse et sa vertu, mais aussi crainte et haïe pour son influence politique et religieuse. Elle a été proche du préfet romain Oreste, qui était en conflit avec Cyrille, le patriarche chrétien d’Alexandrie. En 415, une foule de moines fanatisés par Cyrille l’a attaquée dans la rue, l’a traînée jusqu’à une église, l’a déshabillée, l’a lapidée avec des tessons de poterie, puis a brûlé son corps.
Analyse du tableau
Le tableau représente Hypatie dans un intérieur sombre et austère, qui contraste avec sa beauté lumineuse. Elle est nue et ses cheveux blonds sont détachés le long de son corps.
Elle est devant l’hôtel Chrétien, lorsqu’elle fut déshabillée pour y être exécutée.
Interprétation du tableau
Le tableau peut être interprété comme une représentation romantique et tragique d’Hypatie, qui met en valeur sa beauté, sa culture et sa dignité face à la barbarie qui va la détruire. Le tableau exprime une nostalgie pour le monde classique, perçu comme un idéal de raffinement et d’harmonie menacé par les forces obscures du fanatisme religieux.
Le tableau peut aussi être vu comme une expression de l’esthétisme fin-de-siècle, qui valorisait la beauté féminine comme une source d’inspiration artistique. Hypatie est présentée comme une femme fatale , qui séduit par son charme intellectuel et sensuel, mais qui provoque aussi sa propre perte par son indépendance et son audace.
Le tableau peut également être lu comme une métaphore de la condition de l’artiste dans la société moderne. Hypatie est un modèle pour le peintre ou l’écrivain qui cherche à exprimer sa vision du monde avec originalité et rigueur. Elle est aussi une victime potentielle des préjugés ou des violences qui s’opposent à son œuvre ou à sa pensée.
Hypatie est un chef-d’œuvre de la peinture britannique du XIXe siècle qui illustre avec talent un épisode dramatique de l’histoire antique. Le tableau témoigne du génie artistique de Charles William Mitchell, qui a su créer une scène émouvante et spectaculaire en utilisant des couleurs contrastées, des détails réalistes et des symboles évocateurs. Le tableau reflète également le contexte historique et culturel dans lequel il a été réalisé, ainsi que les idées esthétiques ou philosophiques qu’il véhicule.