Le désespéré est un tableau du peintre français Gustave Courbet, réalisé entre 1843 et 1845. Il s’agit d’un autoportrait de l’artiste, qui se représente en gros plan, avec une expression saisissante proche de la folie. Il est conservé dans une collection privée, mais a été exposé au musée d’Orsay en 2007. Cette œuvre est considérée comme un témoignage de la personnalité complexe et rebelle de Courbet, ainsi que de son ambition artistique.
Le contexte historique et culturel
Le tableau a été peint au début de la carrière de Courbet, qui s’installe à Paris en 1841. Il a alors 22 ans et cherche à se faire un nom dans le milieu artistique. Il fréquente les cercles littéraires et politiques, où il se lie avec des écrivains comme Baudelaire , Flaubert ou Proudhon . Il se passionne aussi pour la peinture espagnole et hollandaise, qu’il étudie au Louvre.
Courbet est un artiste indépendant et provocateur, qui refuse les conventions académiques et les règles du bon goût. Il revendique le réalisme comme principe esthétique et moral, c’est-à-dire la représentation fidèle et sincère de la réalité, sans idéalisation ni embellissement. Il affirme aussi son droit à la liberté d’expression et à la critique sociale.
L’analyse de l’œuvre
Le tableau représente le visage de Courbet en très gros plan, presque à l’échelle réelle. Ses yeux sont écarquillés et son regard est intense et pénétrant. Sa bouche est entrouverte et ses narines sont dilatées. Ses mains sont crispées dans ses cheveux noirs et épais. Son visage est pâle et contrasté par la lumière qui vient du haut à gauche.
Le tableau dégage une impression de tension et d’angoisse, mais aussi de force et de défi. Courbet semble exprimer une émotion extrême, qui peut être interprétée comme du désespoir, de la peur, de la colère ou de la passion. Il semble aussi interpeller le spectateur, qui se trouve face à face avec lui, sans aucune distance ni échappatoire.
Le tableau est construit selon une composition simple et efficace, qui met en valeur le visage de l’artiste. Le format horizontal est inhabituel pour un portrait , qui utilise généralement le format vertical. Le cadrage serré exclut tout élément de décor ou d’accessoire, qui pourrait distraire l’attention ou situer le personnage dans un contexte. La palette de couleurs est réduite à des tons sombres et froids, qui renforcent le caractère dramatique et austère de l’œuvre.
L’interprétation symbolique
Le tableau a suscité de nombreuses interprétations et questions depuis sa création. Quelle est l’intention de Courbet en se représentant ainsi ? Quelle est la signification du titre “Le désespéré” ? Quel est le rapport entre l’artiste et le spectateur ?
Certains ont vu dans le tableau une expression du mal-être existentiel de Courbet, qui se sentait incompris et rejeté par la société de son époque. D’autres ont vu dans le tableau une manifestation de l’orgueil et de l’arrogance de Courbet, qui se mettait en scène comme un génie incomparable et provocateur. D’autres encore ont vu dans le tableau une démonstration du talent et du réalisme de Courbet, qui se livrait à un exercice virtuose et audacieux.
Le tableau a été admiré ou critiqué par de nombreux artistes postérieurs, qui y ont trouvé une source d’inspiration ou un modèle à dépasser. Parmi eux, on peut citer Van Gogh, Gauguin, Picasso ou Bacon. Le tableau a aussi été analysé par des critiques d’art, des philosophes, des psychologues ou des écrivains, qui ont tenté d’en percer le mystère.
Le désespéré de Courbet est une œuvre singulière et novatrice, qui témoigne du génie pictural et personnel du peintre français. Il combine habilement le portrait, l’autoportrait, l’expressionnisme, le réalisme, pour créer une scène à la fois troublante et fascinante. Il interroge aussi le rapport entre l’artiste, lui-même, le spectateur, dans une mise en scène originale et audacieuse. Il constitue ainsi l’un des sommets de la peinture du XIXe siècle.