Le songe de Constantin est une fresque de Piero della Francesca qui fait partie du cycle La Légende de la Vraie Croix réalisé dans la chapelle principale de la basilique San Francesco à Arezzo et datant de 1458-1466. Elle représente un épisode clé de l’histoire du christianisme : la conversion de l’empereur Constantin après avoir vu en rêve le signe du Christ avant la bataille du pont Milvius.
Le contexte historique du songe de Constantin
Le songe de Constantin se situe en 312, à la veille de la bataille du pont Milvius qui oppose Constantin à Maxence, son rival pour le contrôle de l’Empire romain d’Occident. Constantin, qui règne sur la partie orientale de l’Empire, marche sur Rome avec son armée pour renverser Maxence, qui s’est proclamé empereur à Rome en 306.
Selon plusieurs sources antiques, comme Eusèbe de Césarée et Lactance, Constantin aurait eu une vision et un songe miraculeux avant la bataille. Il aurait vu dans le ciel, au-dessus du soleil couchant, une croix lumineuse portant l’inscription “Par ce signe tu vaincras” (en grec : ἐν τούτῳ νίκα, en latin : in hoc signo vinces). Puis, pendant la nuit, il aurait eu un rêve dans lequel le Christ lui serait apparu et lui aurait ordonné de faire figurer ce signe sur les boucliers et les étendards de ses soldats.
Constantin aurait obéi à cette injonction divine et aurait fait peindre sur les boucliers de ses hommes le chrisme, un monogramme formé des deux premières lettres du nom du Christ en grec : Χ (chi) et Ρ (rhô). Le lendemain, il aurait remporté une victoire écrasante sur Maxence, qui se serait noyé dans le Tibre en tentant de fuir. Constantin serait alors entré triomphalement à Rome et aurait attribué sa victoire à l’intervention du dieu des chrétiens.
Cette victoire marque un tournant dans l’histoire du christianisme, car elle ouvre la voie à la reconnaissance officielle de cette religion par l’Empire romain. En 313, Constantin promulgue avec Licinius, l’empereur d’Orient, l’édit de Milan qui accorde la liberté de culte à tous les citoyens romains. En 325, il convoque le premier concile œcuménique à Nicée pour définir les dogmes fondamentaux du christianisme. En 330, il transfère sa capitale à Byzance, qu’il rebaptise Constantinople, et fait construire plusieurs églises.
La représentation du songe de Constantin
Piero della Francesca a choisi de représenter le moment où Constantin dort dans sa tente et reçoit en songe le message du Christ. Il a placé la scène dans un paysage nocturne éclairé par la lune et les étoiles. Au premier plan, on voit la tente impériale ornée d’un aigle et d’un dragon, symboles du pouvoir romain. À l’intérieur, on distingue le visage paisible de Constantin endormi sur son lit. Au-dessus de lui, une figure angélique tenant une croix descend du ciel pour lui parler.
Au second plan, on voit le campement militaire où les soldats dorment ou veillent autour des feux. On remarque que certains portent déjà le chrisme sur leurs boucliers ou leurs casques. À l’arrière-plan, on aperçoit les collines et les arbres qui s’estompent dans la brume. Le ciel est parsemé d’étoiles et dominé par une grande lune ronde.
Piero della Francesca a su créer une atmosphère mystérieuse et solennelle qui met en valeur le caractère extraordinaire de l’événement. Il a utilisé des couleurs froides et sombres pour suggérer la nuit et le contraste entre le monde terrestre et le monde céleste. Il a également joué sur les effets de lumière et d’ombre pour créer un sentiment de profondeur et de réalisme.
Le songe de Constantin est une fresque qui témoigne du génie artistique et religieux de Piero della Francesca. Il a su allier la rigueur géométrique et la perspective linéaire héritées de la Renaissance italienne avec la sensibilité poétique et symbolique propre à son style personnel. Il a également su rendre hommage à un épisode fondateur du christianisme tout en exprimant sa propre vision spirituelle.