Pandora de Rossetti : une œuvre mythique et symbolique

Pandora est une peinture réalisée par Dante Gabriel Rossetti en 1871, qui représente la figure mythologique de Pandore tenant la boîte qui contient tous les maux du monde. Rossetti était un peintre et poète anglais, fondateur du mouvement préraphaélite, qui cherchait à renouveler l’art en s’inspirant des sources médiévales et de la Renaissance.

Le contexte historique de l’œuvre

Rossetti a peint Pandora à la fin de sa vie, alors qu’il traversait une période difficile, marquée par la mort de sa femme Elizabeth Siddal en 1862, son addiction au chloral et sa dépression. Il s’est alors réfugié dans la création artistique et a développé un style plus sensuel et mystérieux, influencé par le symbolisme et l’esthétisme.

Pandora fait partie des dernières œuvres de Rossetti, qui a été commandée par John Graham, un collectionneur écossais, pour 750 guinées. Le tableau a été exposé pour la première fois à Glasgow en 1872, puis à Londres en 1883, après la mort de l’artiste. Il a ensuite changé plusieurs fois de propriétaire avant d’être acquis par le Faringdon Collection Trust, qui le conserve actuellement au Buscot Park.

L’interprétation de l’œuvre

Pandora est une œuvre qui illustre le thème de la femme fatale, cher à Rossetti et à son époque. La femme fatale est une figure séduisante et dangereuse, qui attire les hommes par sa beauté et sa sensualité, mais qui leur cause aussi du malheur et de la souffrance. Elle est souvent associée à des personnages mythologiques ou littéraires, comme Pandore, Lilith, Salomé ou Cléopâtre.

Dans la mythologie grecque, Pandore est la première femme créée par les dieux pour punir les hommes du vol du feu par Prométhée. Elle reçoit comme cadeau une boîte mystérieuse qu’elle ne doit pas ouvrir, mais qu’elle cède à la curiosité. En l’ouvrant, elle libère tous les maux du monde : la maladie, la vieillesse, la guerre, la mort… Seule l’espérance reste au fond de la boîte.

Rossetti représente Pandore au moment où elle s’apprête à ouvrir la boîte, dont il a fait un coffret orné de pierres précieuses. Il lui donne les traits de Jane Morris, son modèle et sa maîtresse, qu’il a souvent peinte comme une incarnation de la beauté idéale. Il accentue son expression mélancolique et rêveuse, qui contraste avec le geste fatal qu’elle va accomplir. Il lui donne aussi une posture élégante et une robe somptueuse, qui soulignent son raffinement et sa richesse.

Le tableau est dominé par des couleurs sombres et chaudes, qui créent une atmosphère intimiste et oppressante. Le fond est composé d’un rideau rouge et d’un mur bleu foncé. On distingue une inscription en latin : “Nescitur ignescitur”, qui signifie “On ne connaît pas ce qui brûle”. Il s’agit d’une citation d’Ovide, tirée des Métamorphoses , qui fait référence au feu volé par Prométhée. Rossetti joue ainsi sur le double sens du feu : symbole de progrès et de civilisation pour les hommes, mais aussi source de destruction et de malédiction.

Pandora est donc une œuvre qui exprime à la fois la fascination et l’angoisse de Rossetti face à la femme et à ses pouvoirs. Il mêle le mythe antique et le romantisme moderne pour créer une image forte et symbolique, qui interpelle le spectateur sur le destin de l’humanité.

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